samedi 10 octobre 2015

Séquence dans le Réseau (Irina 4.1)




 

Irina marche depuis longtemps. À la dernière casemate, un type lui a dit «  Tu continues tout droit en longeant le mur de droite, un moment tu verras un renfoncement. Vas-y, au bout y'a un escalier. Tu sortiras dans une ruelle. Dans le quartier des docks. De là, tu longes le fleuve et tu seras presque arrivée. »

C'est un des premiers trucs qu'elle avait appris étant gosse: dans un labyrinthe, pour être sûr de trouver la sortie, tu mets ta main sur le mur de droite. Au bout d'un moment, tu ressortiras.

Je capte un slogan au hasard : l’uniformisation est le capital en bourse du paradis. Accéléré d’images, la ville monde en time lapse, géométriquement variable, clean, ville musée, la copie sans les entrailles. Un chien de race pure estampillé du logo monopole me frôle la jambe.




Je me fraie un passage à travers les cadavres, les corps qui pourrissent dans la poussière, les cendres noires qui recouvre les anciens tunnels du métro désaffecté. Le monde désaffecté. Le monde urbex. J'avance.
 
Trottoir d’en face.

Irina en plein matabi-mimono comme dans un trip au LSD. Dans le réseau.  À la recherche inlassable de Pavel.

« Une fois dehors, tu devras te diriger avec les balises que nous avons disposé un peu partout. La brume et le brouillard sont omniprésents. Tu ne sauras jamais vraiment ce que tu trouveras dans les volutes. Tu dois avoir une arme. Là voilà. Et un masque à gaz. »


Une petite fille aux battements de cils métronomiques pointe du doigt un écran parmi tant d'autres écrans affichant sa propre personne. Je ne sais pas qui imite qui. Est-elle un élément du jeu ?

« Irina, tu dois savoir : le monde a changé dehors. Nous ne sommes plus en sécurité. Tout a bien changé. Le système s'est durci. Les lois ont changé. En pire. Il n'y a plus qu'une chaîne nationale. Qui diffuse en permanence des programmes citoyens, tu vois le genre, des séries citoyennes avec des héros ordinaires.

Oui. Ils ont aussi brûlé les livres. Des autodafés infernaux. Incendies gigantesques. Les librairies. Les bibliothèques. Le réseau aussi. Ils ont touché au réseau. À partir du moment où ils avaient passé ce cap, on savait que ça n'allait qu'enfler et s'intensifier. »