mardi 11 mars 2014

Séquence dans le réseau (4.0)




Je compte. En mouvement. Dans l’espace quadrillé. Sous surveillance. Je lève la tête. Ciel délavé, tours de verres, insectes bioniques collés aux lampadaires. Je ne sais pas où je vais. Tour d’horizon. Je compte. L’ensemble Total-Monde. Le concept. La touche révolutionnaire. Authentique.

Les stries profondes. Les artères ultra-sombres. Longs couloirs désaffectés. Dans tous les sens. Arrachés. Des grattements. Fils électriques. Des bruits. Des échos, échos. Suintent. Glissent. Un goût de métal dans la bouche. Craquent. Les rails rouillés filent droit devant. Du sang. La poussière. La suie.

Injonction. Prendre les escalators. J’obéis. Qui parle ?

Sur le mur, tu sens des fissures humides s'ouvrir sous tes doigts, les méandres creusés d'une histoire qui se dérobe en permanence. Qui s'efface. Se reprend. Se répercute. Se reconfigure. Je marche.

Ici. Dans ma tête. Je compte. Personne côté face. Bip. 30 secondes pile. Tapis roulant. Le tunnel aérien menant de l’autre côté. Coup d’œil sur la ville logo, intense luminosité ondulatoire. Spot, chiffres. Tout est compté, minuté, à la virgule près, redescendre, comme je suis monté, sans savoir où aller.

Rien n'est fixe. J'avance. Tout bouge dans les tréfonds. Les sédiments troubles au fond de l'eau. La vase. La vase où tu t'enfonces sans rien faire. Sans rien pouvoir faire. Alors je marche. J'erre à la sous face de la Terre, dans l'air vicié des souterrains, là où il n'existe plus de limites entre le jour et la nuit, là où les autres sont des ombres dans le noir, des frottements, des craquements, là où l'herbe ne pousse plus que sur l'acier rouillé. Les ruines perpétuellement reconfigurées. 

Injonction, tourner là, puis là, stop : Ici vous pouvez souffler.

Des panneaux avec des mots sans significations indiquent des directions fantômes. Univers parallèles. Grince. Les reliefs se modifient sans cesse dans l'ombre profonde qui baigne les leds rouge. Vert. Issue de secours. Le tunnel palpite infra-basse, espace sans surveillance. Zone de non-droit sous terre. Au moins pour l'instant.   

 Bouffé d’adrénaline, je compte, minuterie dans ma tête. 72 / 73 / 74 / Bip. Tintinnabulement. Une voix. Non identifiée.

Vous êtes dans un espace neutre.
Rien ne peut vous arriver.

Une voix qui tente de s’extraire, un appel lointain, une voix qui me dit :
 
Tu es assis. Confortablement. Ceintures attachées.
Un autre en face de toi. Griot-sniper dans le labyrinthe mégalocity. L’œil index pointée sur ce message d’avertissement :

Ici : la fiction sous le sceau d’un faux code-barres.
 : l’autre en mouvement collé dans la ville la nuit tombée.
Maintenant : la réalité, le sosie d’un autre qui a fait son temps.

Sommes-nous dans un jeu ?

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